HENRI III Roi de France – Lettre signée – 3e guerre religion – Jonction armée calviniste - 1568
Henri III (1551-1589), roi de France d'un royaume déchiré par les guerres de Religion. Dernier des Valois, il s'illustre comme chef de l'armée royale en remportant les batailles de Jarnac et de Moncontour sous le règne de son frère Charles IX.
Lettre signée « Henry », Château de Boulogne, 20 juillet 1568, 1 p in folio, adressé à son favori (un de ses principaux « mignon »), Louis de Béranger seigneur du Guast (1540-1575) qui fut commandant du régiment des gardes françaises. Ami de Ronsard, Du Guast est « brave, brutal, cruel et terriblement batailleur ». Très aimé du roi Charles IX et favori de Henri III, il passa « pour s'être chargé de beaucoup de sang innocent à la Saint-Barthélemy » et détestait leur sœur Marguerite de Valois qu’il appelait « la reine des putains ».
Rare lettre signée de 1568 du jeune Henri (il a alors 17 ans) - avec double mention de son frère Charles IX - durant la 3e guerre de religion alors qu’il est depuis novembre 1567 Commandant de l’armée royale et Lieutenant Général du royaume, sur la jonction des armées calvinistes.
Dès sa signature en février 1568, les catholiques protestent contre la paix de Longjumeau qui rend aux Huguenots les stipulations de l’édit d’Amboise. Rassemblés avec leurs armées à La Rochelle, Coligny, Condé et Henri de Navarre (futur Henri IV) craignent d'être exterminés. A Laval, D’Andelot et son armée calviniste de bretons, manceaux et angevins, projette de descendre en Anjou et de franchir la Loire à Saumur pour se réunir aux calvinistes du Poitou. Alerté de son approche, le duc de Montpensier accourt à Saumur pour défendre le passage de la Loire. Pour éviter la jonction, Henri, Commandant de l’armée royale et Lieutenant Général du royaume, ordonne ici à son favori, envoyé par Charles IX à Saumur, de conserver la « seureté de la ville » et son passage pour le bénéfice de son frère le roi (« en sorte quil nen puisse advenir aucun inconvénient au préjudice du service du Roy mondit Seigneur et frère »). Défait début septembre par les troupes royalistes, d’Andelot et le reste de son armée parviendront néanmoins à franchir la Loire après la découverte par hasard d’un gué et se réunir au reste de l’armée calviniste à La Rochelle. La victoire reviendra à Henri lors de la bataille de Jarnac en mars 1569.
« Mons[eigneu]r de Gast jay receu v[ot]re l[ett]re du neufiesme de juillet et veu par icelle comme vous avez esté mandé demeurer à Saulmur (Saumur). Et par ce que les occasions qui pourroient inciter le Roy monseigneur et frère à continuer v[ot]re plus long séjour de dela deppendent de ceulx qui vous ont faict ceste semonce, je vous prye à ceste cause vous retirer devers mon Cousin Monsieur le Duc de Montpensier. Et selon ce quil vous ordonnera de dénouer, chose que si vous faictes je vous prye d’avoir loeil ouvert a la conservation et seureté de ladite ville et du passaige en sorte quil nen puisse advenir aucun inconvénient au préjudice du service du Roy mondit Seigneur et frère selon la confiance quil en a en vous. Pryant Dieu Monseigneur de Gast vous avoir en sa garde […] ».
Envoi par courrier recommandé
